Résultats & impact 7 mai 2024
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Le choix de la stratégie vaccinale contre la grippe aviaire
400 millions d’oiseaux abattus dans le monde depuis 2005 pour lutter contre l’influenza aviaire. La moitié depuis 2020 seulement. L’accélération de l’épidémie menace l’ensemble des élevages de volailles et accroît le risque pandémique. Elle représente également un danger pour l’avifaune sauvage en menaçant d’extinction certaines espèces. Face à la crise, l’Union européenne vient d’autoriser les pays membres à vacciner les élevages, laissant chaque pays libre de sa stratégie vaccinale.
Dans le cadre d'un projet porté par Ceva Santé Animale, le Cirad évalue plusieurs stratégies vaccinales adaptées à la filière avicole et porcine française. Inspirés d’un outil né en Egypte, puis utilisé dans d’autres pays du Sud comme le Vietnam, ces travaux se basent sur l’expérience de pays qui ont déjà fait le choix de la vaccination. .
L’expertise du Sud au service du Nord
La première application du dispositif EVACS (Evaluation des stratégies de vaccination des maladies animales) date de 2015, en Egypte. Développé par le Cirad, EVACS est un outil d’aide à la décision qui permet d’évaluer différentes stratégies vaccinales.
Claire Hautefeuille est vétérinaire et épidémiologiste au Cirad. Elle travaille à l’amélioration d’EVACS depuis plus de trois ans. « L’outil évalue le niveau d’immunité que chaque stratégie vaccinale nous permettrait d’atteindre. On y croise une analyse des réseaux de production avicole, les données d’efficacité de vaccination et la densité des populations d’oiseaux domestiqués. Ça nous permet ensuite de produire des cartes et d’arbitrer sur l’efficacité des différentes stratégies ». »
La maladie circule toujours dans la plupart des pays où la vaccination a déjà été mise en place. Jusqu’ici donc, aucune stratégie n’a permis l’éradication de la grippe aviaire. « La structure de production des filières d’élevage est cependant assez différente en Europe, par rapport à de nombreux pays Sud. En France par exemple, les niveaux de biosécurité des élevages est globalement élevé, ce qui n’est le cas que d’une partie des élevages dans des pays comme l’Egypte, le Vietnam ou le Bangladesh. Avec l’expérience d’autres contextes mais en adaptant l’outil, EVACS pourrait mettre à jour des stratégies vaccinales très efficaces. »
Travailler main dans la main avec les privés
La force de l’outil EVACS repose sur la première étape du dispositif : l’étude du fonctionnement de la filière en local. Un diagnostic qui ne peut se faire qu’avec l’appui des acteurs privés, en première ligne face à la maladie et ceux qui devront mettre en place les stratégies de vaccination.
Dans le cadre du projet BioFluARN, le Cirad travaille avec un réseau de collaborateurs (vétérinaires et techniciens) de Ceva Santé animale qui connaissent le terrain, les éleveurs et la filière. Les données récoltées sont ensuite discutées lors d’ateliers participatifs. « Avant de mener notre évaluation, tous les aspects de la filière et des stratégies vaccinales doivent être validés par ceux qui supportent directement les élevages face à la grippe aviaire, détaille Claire Hautefeuille. Eleveurs, vétérinaires… Les informations qu’ils détiennent sont essentiels pour s’assurer de l’efficacité et de la faisabilité des stratégies vaccinales évaluées. »
Par exemple, les élevages industriels de volailles reçoivent des poussins d’un jour nés en couvoirs. Or certains vaccins permettent une vaccination directement en couvoir. Pour évaluer l’impact d’une telle stratégie, il faut connaître les flux d’oiseaux entre les couvoirs et les élevages. Des informations détenues en première main par les acteurs privés.
Au-delà de l’efficacité vaccinale, EVACS propose également une analyse coûts-bénéfices des différentes stratégies. Dans les pays où l’outil a été appliqué, les stratégies vaccinales adoptées montraient toujours un bénéfice supérieur à l’abattage, quelque soit le type de production concerné. La vaccination engendre bien un impact négatif sur le commerce international. Cependant lorsque les niveaux d’infections rendent les exportations impossibles, le contrôle de la maladie par les vaccins devient une alternative viable pour les filières.