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Notre histoire
La période coloniale et les débuts de l’agronomie tropicale française
À la fin du XIXe siècle, sur les modèles du Royaume-Uni et des Pays-Bas, la France décide de se doter d’une structure de coordination des actions entreprises dans son empire colonial pour améliorer les productions agricoles. Le jardin d’essai colonial de Nogent-sur-Marne, créé en 1899, reçoit des plants et des semences des différentes colonies, les met en culture et les analyse dans ses laboratoires. Les variétés d’espèces intéressantes sont multipliées puis expédiées aux jardins d’essai et stations expérimentales qui se développent dans les colonies. Parallèlement, des structures d’enseignement spécifiques naissent dans l’hexagone : l’agronomie tropicale devient une discipline scientifique à part entière.
Entre 1920 et 1960, neuf instituts techniques de recherche agricole tropicale sont créés, pour renforcer la connaissance et l’exploitation économique des ressources tropicales : l’Institut de recherche sur le caoutchouc (Irca), l’Institut de recherche pour les huiles et oléagineux (IRHO), l’Institut de recherches sur les fruits et légumes (Irfa), l’Institut de recherche du coton et des textiles exotiques (IRCT), l’Institut français du café, du cacao et autres plantes stimulantes (IFCC), l'Institut d'élevage et de médecine vétérinaire des pays tropicaux (IEMVT), le Centre technique forestier tropical (CTFT), l'Institut de recherches agronomiques tropicales et des cultures vivrières (Irat) et le Centre d'études et d'expérimentation du machinisme agricole tropical (Ceemat). Leurs travaux portent essentiellement sur les cultures de rente destinées à être exportées et approvisionner la métropole.
La décolonisation et l’essor des cultures vivrières
Au sortir de la seconde guerre mondiale, les instituts s’intéressent davantage aux céréales et autres cultures vivrières. L’enjeu n’est plus d’approvisionner la métropole mais d’aider les territoires à assurer leur alimentation. En 1960, la création de l’Institut de recherches agronomiques tropicales et des cultures vivrières (Irat) reflète cette ambition nouvelle. Progressivement, les stations, plantations et jardin d’essai coloniaux sont rétrocédés aux nouveaux États indépendants. L’assistance technique et la coopération scientifique succèdent à l’économie coloniale.
C’est aussi l’époque de la révolution verte. Tandis que la population mondiale explose, l’essor de l’agriculture industrielle permet de multiplier significativement la production agricole. Ses piliers : la génétique, les intrants, la mécanisation et l’irrigation.
Vers une nouvelle identité « ciradienne »
Entre 1960 et 1970, plusieurs pistes de réformes sont explorées pour les instituts aux missions, statuts et cultures très différents. L’ancêtre du Cirad, le Groupement d’étude et de recherche pour le développement de l’agriculture tropicale (Gerdat), est créé en 1970 afin d’en assurer une meilleure coordination.
Le 5 juin 1984, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) succède au Gerdat. Les instituts fusionnent alors au sein de cet Établissement public à caractère industriel et commercial (Épic), placé sous la double tutelle du ministère de la Recherche et du ministère de la Coopération et du Développement. S’ensuit une longue période de transition et de réformes successives pour adapter le Cirad aux besoins d’une organisation scientifique moderne, créer de nouvelles relations avec la recherche internationale en agriculture et réformer en profondeur les liens issus de la période postcoloniale, notamment avec nos partenaires africains. Une période ponctuée de tensions, voire de crises, mais aussi d’idées novatrices pour la mission scientifique et les ambitions du nouvel établissement.
La « science au centre » et la réforme de 2006
Acteur de recherche scientifique et de coopération internationale, le Cirad a, depuis sa création, toujours recherché l’équilibre entre ses deux mandats d’origine. Dans les années 2000, le Cirad choisit cependant le camp de la recherche et place l’excellence scientifique au cœur de son organisation. Le nombre de publications des chercheurs du Cirad et de doctorants accueillis explose. En matière d’organisation de la recherche, les programmes d’assistance technique cèdent le pas aux départements scientifiques et unités de recherche.
La réforme de 2006 incarne l’aboutissement du projet « ciradien ». L’établissement s’affiche officiellement comme un organisme de recherche en partenariat sur les biens publics mondiaux. Le constat sous-jacent est que l’organisation en filières, jusqu’alors épine dorsale de l’institution, ne permet pas de comprendre et d’accompagner la production de biens publics mondiaux : développement social, bien être, problématiques environnementales et sanitaires. Cette rupture majeure se traduit par une nouvelle organisation interne et la création des trois départements scientifiques actuels : « Bios » pour les systèmes biologiques, « Persyst » pour les systèmes techniques, « ES » pour les systèmes sociaux et institutionnels. Les partenariats sont déclinés en fonction des grandes questions scientifiques, donnant lieu à la naissance et au développement des dispositifs de recherche et d’enseignement en partenariats (dP).
L’intégration des disciplines marque aussi le passage d’une recherche sur le développement au développement par la recherche. Les sociétés avec lesquelles le Cirad travaille ne pouvant dépendre d’un transfert de connaissances et technologies produites ailleurs, celles-ci doivent être développées sur place, de manière contextuelle, grâce au renforcement des compétences souveraines de recherche.
Aujourd’hui, le Cirad au cœur de la recherche agronomique internationale
L’établissement du siège du consortium du CGIAR à Montpellier, en 2011, fait de la ville la capitale mondiale de la recherche agronomique et confirme la position du Cirad comme l’un de ses acteurs pionniers et incontournables. Cette position est renforcée par la diffusion de la culture de l’impact au sein de l’établissement.
Aujourd’hui, le Cirad est à même de documenter la contribution de ses recherches à la construction d’une agriculture résiliente. Sécurité alimentaire, biodiversité, objectifs de développement durable, agroécologie… L’expertise du Cirad illustre plus que jamais le rôle pivot de l’agriculture pour répondre aux problématiques économiques, sociales, environnementales et sanitaires contemporaines.