Événement 12 février 2024
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Sénégal : le pays se mobilise pour une transition agroécologique
Organisations non-gouvernementales, organisations paysannes, établissements de recherche, plateformes multi-acteurs, associations de consommateurs et élus pionniers : la Dynamique sur la Transition Agroécologique au Sénégal (DyTAES) rassemble depuis mai 2019 les principaux acteurs de l’agroécologie au Sénégal, pour mener une action de dialogue politique avec l’Etat, suite aux déclarations du Président Macky Sall faisant de l’agroécologie une priorité.
A l’issue des Journées de l’Agroécologie, qui ont rassemblé 400 participants à Dakar, la DyTAES a remis au ministre de l’Environnement et du Développement Durable , Abdou Karim Sall, un rapport intitulé « Contribution aux politiques nationales pour une transition agroécologique au Sénégal ». Il y pose un diagnostic de la situation de l’agriculture au Sénégal, et propose un ensemble de recommandations politiques pour la transition agroécologique du pays. La rédaction du document a mobilisé vingt experts issus des structures membres de la DyTAES. Le Cirad a assuré la coordination de la rédaction.
Une consultation inédite des acteurs ruraux du Sénégal
Pour élaborer son rapport, la DyTAES a consulté plus d’un millier d’acteurs et visité une trentaine de sites dans les six zones géographiques du Sénégal (Casamance, Niayes, Sénégal oriental, Bassin arachidier, Ferlo, Vallée du fleuve). Pour chaque zone visitée, l’équipe a établi un diagnostic des enjeux majeurs en matière d’agriculture , d’élevage, de développement rural et de sécurité alimentaire.
15 défis majeurs pour l’agriculture ont été identifiés dans ce diagnostic : soutien à l’agriculture, sécurité et souveraineté alimentaire, accès à la terre, emplois attractifs pour les jeunes, valorisation des produits, protection des ressources en eau, protection et restauration des terres, gestion durable des ressources forestières, accès aux ressources pastorales, gestion durable des ressources halieutiques, protection de l’agro-biodiversité locale, résilience face au changement climatique, synergies agriculture-élevage, dépendance réduite aux pesticides et engrais, consommation durable.
Ce tour du pays a permis de mettre en lumière vingt-six initiatives agroécologiques prometteuses comme celle de productrices (voir photo) associant l’arboriculture fruitière (agrumes, manguiers, papaye) et le maraîchage (oignon, choux, aubergine amère, etc). Les propositions politiques des acteurs locaux ont été recueillies (voir photos). « C’est la première fois qu’une consultation du monde agricole d’une telle ampleur est menée au Sénégal » , se réjouit Raphaël Belmin, chercheur au Cirad, qui a participé aux consultations et coordonné la rédaction du rapport DyTAES.
4 grandes orientations sont préconisées dans le document :
- Améliorer et sécuriser les bases productives (ressources naturelles, semences, biodiversité, …)
- Accroître durablement la productivité (par exemple en facilitant l’accès aux intrants organiques ou à du matériel de qualité) et les productions agro-sylvo-pastorales et halieutiques
- Promouvoir les produits issus de l’agroécologie dans les chaînes de valeur
- Améliorer la gouvernance et le financement d’une transition agroécologique à grande échelle
A court terme, le rapport identifie trois priorités pour changer d’échelles en matière d’agroécologie :
- Mettre en place un cadre de dialogue multi-acteurs national chargé de construire une politique nationale de transition agroécologique prenant en compte les orientations identifiées par la DyTAES.
- Encourager et appuyer financièrement des expérimentations à l’échelle de communes ou de départements, où les acteurs locaux co-conçoivent et mettent en œuvre un plan territorial de transition agroécologique.
- Identifier et mettre en œuvre des mesures immédiates pouvant faire un effet de levier pour la transition agroécologique (ex : subvention des biofertilisants et des biopesticides, réduction du prix de l’eau productive, soutien aux stratégies régénération naturelle assistée).
Un contexte politique national favorable
Ce rapport de la DyTAES arrive en pleine période de transition agricole au Sénégal . Portée par le président de la République sénégalaise, la transition agroécologique s’inscrit parmi les cinq initiatives majeures du Plan d’Action Prioritaire de la deuxième phase du Plan Sénégal Emergent (2019-2024). Des aléas climatiques de plus en plus violents, une augmentation démographique forte et les conséquences environnementales négatives de la Révolution Verte imposent en effet de revoir les stratégies de développement agricole, vers des pratiques plus durables. « Toutes les conditions sont aujourd’hui réunies pour que le Sénégal soit un pays pilote en matière d’agroécologie » , a affirmé Mariam Sow, secrétaire executive d’ ENDA Pronat, membre de la DyTAES.
Sénégal, fer de lance de l’agroécologie en Afrique de l’Ouest Le Sénégal avait été choisi en 2015 par la FAO comme pays pilote pour l’agroécologie, et est depuis un terrain privilégié des projets agroécologiques impulsés par la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest. Depuis 2017, l’engagement des acteurs internationaux et régionaux, comme l’Alliance pour l’Agroécologie en Afrique de l’Ouest (‘3AO’), pour l’agroécologie s’est accéléré. A travers la déclaration de Ouagadougou et plusieurs projets d’envergure régionale (ex : initiative Desira, projet One Health territorialisé), les sphères politiques, les bailleurs, et la recherche agricole affichent leur volonté d’intervention coordonnée au Sahel autour des pratiques et des valeurs de l’agroécologie. |
Sarah Toumi, membre du Conseil Présidentiel pour l’Afrique, a montré son soutien aux acteurs agricoles sénégalais, en participant aux journées de l’agroécologie du 30 janvier au 1er février.