Portés par une volonté commune de répondre aux enjeux économiques, environnementaux et sociaux de la filière, les principaux acteurs de la filière en France, ont décidé de se rassembler au sein d’une initiative volontaire multi-acteurs pour une banane durable. L’IFBD a pour ambition de traiter tous les aspects de la durabilité et elle abordera les conditions économiques du déploiement des transitions environnementale et sociale. La volonté des membres serait aussi de placer cette initiative sous l’égide du gouvernement français comme c’est le cas pour l’Initiative française pur un cacao durable (IFCD).
Cette Initiative française pour une banane durable (IFBD) s’est fixée trois objectifs principaux :
- Répartition de la valeur et responsabilités partagées dans la filière : assurer une répartition équitable de la valeur tout au long de la chaîne de production et de commercialisation, pour garantir une rémunération vitale pour les producteur·rice·s et les travailleur·euse·s d’ici à 2030.
- Durabilité environnementale des systèmes de production : améliorer les pratiques, en prenant en compte la diversité des zones de production, garantir une gestion durable des ressources naturelles, augmenter la biodiversité, atténuer les impacts négatifs pour l’environnement et adapter les systèmes de production au changement climatique par la recherche et la mise en œuvre de pratiques agroécologiques innovantes.
- Respect des droits humains et du droit du travail : garantir la santé et la sécurité des travailleur·euse·s, l’exercice de la liberté syndicale et de la négociation collective, l’égalité de genre, et lutter contre le travail des enfants dans les bananeraies.
Des groupes de travail permettront aux participants d’échanger sur les bonnes pratiques dans le but de transformer en profondeur le secteur au profit d’une filière de la banane durable, rémunératrice, respectueuse de l’environnement et qui contribue au développement des territoires.
Le Cirad, Max Havelaar France et Banana Link assureront avec l’AIB (Association Interprofessionnelle de la banane) la coordination des travaux menés dans différents groupes de travail où siégeront des représentants des différents maillons de la filière. Ces travaux mèneront à définir collectivement une feuille de route « filière banane durable » assortie d’objectifs ambitieux de transformation du secteur à court, moyen et long terme.
La banane française, produite aux Antilles, est le fruit d’une histoire longue, semée d’embuches, que le Cirad a accompagnée au fil des années. Quarante années qui ont révolutionné la culture de la banane et permis le retour de la biodiversité dans les bananeraies.
Le marché de la banane
Avec environ 140 millions de tonnes produites chaque année dans plus de 150 pays, la banane (dessert et à cuire) participe à la sécurité alimentaire de nombre de pays. La banane est largement consommée localement, mais approvisionne aussi un marché régional souvent très dynamique. A l’exportation (grand export), ce sont plus de 24 millions de tonnes de banane dessert (type Cavendish et réexportations comprises) qui alimentent le marché mondial. L’Amérique latine (avec en tête l’Equateur, le Guatemala, le Costa Rica et la Colombie) assure environ les trois quarts de l’offre mondiale à l’exportation, suivie par l’Asie avec en tête loin devant les Philippines, puis la zone Afrique de l’Ouest et centrale (essentiellement Côte d’Ivoire et Ghana) et les Caraïbes (notamment la République dominicaine). L’Union européenne développe une production dans certaines de ses régions ultrapériphériques des Antilles françaises, des Canaries et de Madère.
La France joue un rôle double dans le commerce mondial de la banane en tant que pays producteur dans les Départements d’Outre-mer, la filière étant l’un des premiers pourvoyeurs d’emplois dans les Antilles françaises, et pays consommateur, la banane étant le 2e fruit le plus consommé en France après la pomme. La taille du marché français est de l’ordre de 700 000 tonnes. La consommation de banane en France a été dynamique ces dernières années (de 9 kg par an et par habitant en 2017 à 11.2 kg en 2021). Le pays est le 3e plus important importateur de l’Union européenne, après l’Allemagne et l’Italie. En termes de répartition, la production française de banane représentait 24 % des parts du marché français, les trois quarts restant étant partagés entre les bananes d’Afrique, des Caraïbes et de la zone « dollar » latino-américaine.