De nouvelles recommandations pour évaluer l'empreinte carbone de la culture du café

Vient de sortir 19 avril 2024
Une nouvelle étude scientifique publiée par le Cirad dans la revue Sustainable Production and Consumption se penche sur l'impact environnemental du café et les leviers pour améliorer la pertinence des évaluations. Cette étude vient compléter un rapport de recommandations commanditée par l'Institut d'information scientifique sur le café (ISIC) au Cirad.

Nouvelles plantations de café Arabica - Angola © C. Bessou, Cirad

A la demande de l’ISIC, le Cirad a analysé les méthodes couramment utilisées pour évaluer l'impact environnemental du café non torréfié, une des matières premières utilisées dans l'une des boissons les plus populaires au monde.

Cécile Chéron-Bessou, chercheuse en agroécologie au Cirad et coordinatrice du rapport fourni à l'ISIC, explique : "Les évaluations basées sur l’analyse du cycle de vie sont complexes et reposent sur de nombreuses simplifications et de nombreux choix. Le principe clé de ces évaluations est donc la transparence absolue sur ces choix et les hypothèses faites dans le cadre de la modélisation."

Nous espérons que notre analyse sera utile pour harmoniser les études et fournir des évaluations transparentes et fiables sur l'empreinte carbone du café vert. Ces résultats sont nécessaires pour aider les acteurs et actrices de la filière café à promouvoir et mettre en œuvre des pratiques durables.

Cécile Chéron-Bessou
Chercheuse en agroécologie au Cirad, coordinatrice du rapport

Le Cirad a identifié et examiné 34 études, ainsi que différents standards internationaux sur la mesure de l’empreinte carbone du café vert. Ces études sont représentatives des nombreuses régions et milieux où le café est cultivé. Par exemple, 72 % de tous les systèmes agricoles étudiés étaient situés en Amérique centrale et en Amérique du Sud, ce qui représente 70 % de la production mondiale de café.

Comme le souligne l'étude, l'empreinte carbone totale du café vert peut varier considérablement en fonction d'un certain nombre de facteurs :

  • Les changements d'usage des sols incluant potentiellement de la déforestation 
  • Les variations des taux d'engrais azotés utilisés ;
  • Les résidus de café recyclés ou non et les émissions liées à leur décomposition ;
  • Les émissions liées à conversion des baies de café en café vert, notamment via la fermentation en milieu aqueux.

Le rapport fournit une série de recommandations visant à améliorer la pertinence des évaluations à la fois en termes méthodologiques et en termes de manque de données. Celles-ci concernent notamment la typologie des systèmes d'exploitation du café, la modélisation cohérente des changements d'usage des terres, ou l'estimation de la biomasse totale. Le café étant une culture pérenne, qui vit pendant de nombreuses années, l'étude fournit également des conseils sur la prise en compte et l’intégration des différents stades de développement de la culture.

En parallèle de l’étude commanditée par l’ISIC, une revue incluant d’autres impacts environnementaux et analysant la filière jusqu’à la consommation du café a été publiée sous forme d’un article scientifique dans le journal Sustainable Production and Consumption.

Références

  1. Chéron-Bessou C. et a. (2024) Unravelling life cycle impacts of coffee: Why do results differ so much among studies? Sustainable Production and Consumption.
  2. Grüter R., et al (2022) Expected global suitability of coffee, cashew and avocado due to climate change, PLOS ONE.
  3. Cirad (2024) Review on Green Coffee Carbon Footprint.

À propos de l'ISIC

L'Institut d'information scientifique sur le café (ISIC) est une organisation à but non lucratif, créée en 1990, qui se consacre à l'apport et à la consolidation d'informations scientifiques équilibrées sur la production et la consommation de café. Il constitue une référence pour les professionnels et les autorités qui s'occupent de la santé et du bien-être des personnes et de l'environnement.

Ses activités sont les suivantes :

  • Étude des questions scientifiques
  • Évaluation d'études et d'informations scientifiques
  • Soutien à la recherche scientifique indépendante
  • Diffusion de preuves et de connaissances scientifiques équilibrées à un large éventail de parties prenantes.

L'ISIC respecte l'éthique de la recherche scientifique dans toutes ses activités. Les communications de l'ISIC sont fondées sur des données scientifiques solides et s'appuient sur des études scientifiques tirées de revues scientifiques évaluées par des pairs et d'autres publications.

Les membres de l'ISIC sont six des principales sociétés européennes de café : illycaffè, JDE Peet's, Lavazza, Nestlé, Paulig et Tchibo.

En 2022, l'ISIC a élargi son champ d'action pour couvrir à la fois la santé des personnes et l'environnement.

À l'échelle mondiale, on assiste à une prise de conscience croissante des effets néfastes possibles des activités humaines sur l'environnement, et à une prise de conscience croissante du fait que des pratiques durables renforcées contribueront à faire du café une denrée viable à long terme.

L'ISIC soutient la recherche scientifique indépendante sur l'impact environnemental de la culture du café, guidée par l'examen permanent des derniers développements scientifiques et des lacunes actuelles en matière de connaissances.

À propos du Cirad

Le Cirad est l'organisme français de recherche agronomique et de coopération internationale au service du développement durable des régions tropicales et méditerranéennes.

Avec ses partenaires, il construit des connaissances et des solutions pour des agricultures résilientes dans un monde plus durable et solidaire. Il mobilise la science, l'innovation et la formation pour atteindre les Objectifs de Développement Durable. Son expertise accompagne l'ensemble des acteurs, des producteurs aux décideurs publics, pour favoriser la protection de la biodiversité, les transitions agroécologiques, la durabilité des systèmes alimentaires, la santé (des plantes, des animaux et des écosystèmes), le développement durable des territoires ruraux et leur résilience au changement climatique. Le Cirad intervient dans une cinquantaine de pays sur tous les continents, grâce à l'expertise de ses 1800 agents, dont 1240 scientifiques, appuyés par un réseau mondial de quelque 200 partenaires. Il soutient également les actions de la diplomatie scientifique française.