Résultats & impact 5 février 2024
- Accueil
- Les actualités du Cirad
- Actualités
- système participatif de garantie agroécologie
Une garantie participative pour certifier les fermes agroécologiques au Maroc
Avec l’essor de la demande locale pour une alimentation saine et respectueuse de l’environnement, un nombre croissant d’agriculteurs marocains souhaite valoriser leurs pratiques agroécologiques auprès des consommateurs. Dès cet été, ce sera désormais possible grâce à un système participatif de garantie (SPG) qui certifiera les fermes agroécologiques au Maroc.
Une certification collective…
À la demande du Réseau des initiatives agroécologiques au Maroc (RIAM), le Cirad a accompagné l’émergence du SPG par le biais d’approches participatives avec tous les acteurs concernés (agriculteurs, consommateurs, distributeurs et restaurateurs). Ensemble et pendant plus d’un an, ils ont élaboré collectivement tous les documents nécessaires à la mise en place de cet instrument : charte, cahier des charges, procédures de vérification et décision de certification.
Concrètement, les visites annuelles de contrôle pour chaque ferme seront réalisées par deux producteurs labellisés, garants du contrôle technique, et un enquêteur non producteur (consommateur, épicier, etc.), garant de la neutralité du contrôle. Les trinômes ne sont jamais les mêmes entre chaque ferme et pour chaque année et une règle de non réciprocité entre producteurs « enquêteurs » et producteurs « enquêtés » permet d’éviter les connivences. Pour demander la certification, les agriculteurs s’engagent à faire au moins deux visites annuelles de contrôle dans d’autres fermes. Ce système de garantie en agroécologie ne concerne pour le moment que les fruits et légumes, mais les cahiers des charges de l’apiculture et l’aviculture sont en cours d’élaboration.
… performante et moins couteuse…
« Les SPG coûtent 10 à 20 fois moins cher au producteur que les systèmes classiques de certification par un tiers comme le label AB », explique Sylvaine Lemeilleur, économiste au Cirad et impliquée dans l’élaboration de ce SPG. Ses travaux montrent que les systèmes participatifs de garantie sont relativement robustes du point de vue de leur organisation : « les mécanismes de vérification, comme la non-réciprocité des visites de contrôle et la rotation systématique des enquêteurs, sont assez forts pour qu’il n’y ait pas de fraude. »
… qui favorise la mise en réseau des acteurs de l’agro-écologie
Autre avantage des SPG par rapport aux certifications par un tiers : grâce aux interactions au sein des groupes locaux de fermes, le système engage les producteurs dans un processus continu d’apprentissage et d’amélioration de leurs pratiques. Cette garantie n’est donc pas une fin en soi, mais également un moyen de créer un cadre d’échange entre les agriculteurs et de construire de manière durable un tissu local d’acteurs et des interactions sociales permanentes.
Par ailleurs, pour l’économiste « l’agroécologie peut être considérée comme une ressource commune intellectuelle issue d’une multitude de communautés de pratiques dans le monde. La gestion collective de cette ressource par un ensemble d’acteurs au travers du SPG et du label local qu’il entend certifier, en font un « commun », selon la définition d’Elinor Ostrom. »
Récemment, la Fondation Crédit Agricole du Maroc pour le développement durable s’est impliquée par un appui financier pour finaliser et pérenniser ce projet (un voyage collectif pour visiter le SPG français Nature & Progrès et l’invitation de SPG méditerranéens sont notamment prévus en 2018 et 2019). Enfin, le logo du SPG devrait être sélectionné dans le courant du mois de mai et la certification des fermes démarrera dès cet été.