Podcast | La serre des plantes de demain – Climat, cultiver les solutions (2/6)

Intervenant.es :

• Denis Fabre, écophysiologiste spécialiste du riz au Cirad
• Camila Rebolledo, écophysiologiste et modélisatrice de cultures, affiliée au Cirad et au Centre international d’agriculture tropicale de Colombie

Les plantes subissent essentiellement trois effets du changement climatique : la hausse de la température, l’irrégularité de la pluviométrie, et la hausse du CO2 atmosphérique. Or certains de ces changements ne fournissent pas encore des impacts visibles sur les terrains. C’est le cas par exemple de la concentration en CO2 de l’air, dont l’augmentation rapide aura un effet crucial sur les végétaux, qui se nourrissent du CO2.

Actuellement estimé à 400 ppm en moyenne dans le monde, le CO2 atmosphérique atteindra par endroit les 800 ppm d’ici 2050, si l’on en croît les scénarios. Les cultures pérennes, que l’on plante pour plusieurs dizaines d’années, subiront de plein fouet ces changements rapides. Les producteurs ont donc tout intérêt à anticiper la réaction des variétés qu’ils choisissent dès aujourd’hui. Or, face à une augmentation du CO2 atmosphérique, il est encore impossible de tester les réactions des plantes en milieu réel. 

La serre AbioPhen tente de répondre à ce besoin d’anticipation. Basée à Montpellier, cette serre à la pointe de la technologie vise à étudier la réaction des plantes aux climats futurs. Contrôle de la luminosité, de la température, de l’humidité de l’air ou encore de la concentration atmosphérique, elle permet aux végétaux d’évoluer ainsi dans un milieu ultra contrôlé.

Dans le cadre d’AbioPhen, Denis Fabre et Camila Rebolledo étudient les réponses comportementales et physiologiques du riz. Ils espèrent mettre à jour des variétés adaptées aux climats de demain, mais aussi moins consommatrices en eau. Un travail mené en partenariat avec le CIAT en Colombie, et dont les parcelles expérimentales permettent de tester les plantes dans un milieu plus proche du réel. Au sein de certaines des expériences menées, les évolutions climatiques, notamment celles de la température et le manque d’eau, sont déjà observables. Les scientifiques mènent actuellement, avec les paysans, des essais en champs pour des variétés de riz non inondés en Afrique de l’Ouest.