Science en action 4 mars 2024
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IRRINN | Petite irrigation personnalisée pour petites agricultures
« Depuis l’installation de la pompe solaire, je gagne plus d’argent. J’ai ainsi pu payer la construction de ma maison et même m’offrir une moto » raconte Rasmata Kaboré, une des 40 bénéficiaires du projet IRRINN.
Dans la zone sahélienne, l’immense majorité de l’agriculture est pluviale, c’est-à-dire qu’elle n’est pas irriguée. Cette dépendance totale à la pluie est un véritable facteur de pauvreté. La faible disponibilité en eau limite les cultures possibles, la productivité et surtout la taille des parcelles maraichères, car les légumes nécessitent un arrosage régulier. Les agriculteurs et agricultrices n’ont souvent pas d’autre choix que d’amener l’eau par sceaux ou arrosoirs, une corvée si harassante que leur parcelle peut difficilement dépasser les 3000 m².
Un projet qui développe l’irrigation pour les tout petits maraichers
C’est dans ce contexte qu’a été lancé le projet IRRINN au Burkina Faso. Il est coordonné par le Cirad, mis en œuvre avec 6 partenaires* et financé par l’Union européenne dans le cadre du programme DeSIRA. IRRINN développe la petite irrigation innovante et personnalisée (en anglais farmers lead irrigation) autour de Ouagadougou. Démarré en début 2021, ce projet à mi-parcours montre déjà des résultats encourageants.
Le projet a d’abord testé de nombreuses techniques de petite irrigation privée telle que les forages avec pompes immergée ou de surface, alimentée par un panneau solaire ou un groupe électrogène, les bandes aspersantes, le goutte-à-goutte, les petits bassins en béton (une technique utilisée au Sénégal) ou les puits à grand diamètre. Parmi toutes ces techniques, les forages avec pompes solaires immergées ont largement été plébiscités.
Mise à l’échelle chez 40 agricultrices et agriculteurs
Des plateformes d’innovation ont été mises en œuvre dans 4 villages autour de Ouagadougou. 40 productrices et producteurs de légumes ont bénéficié de subvention pour investir dans une pompe immergée alimentée par des panneaux photovoltaïques. « L’expérience a suscité un fort engouement, car nous avons eu plus de 120 inscrits après avoir écarté du projet les plus aisés, se remémore Bruno Barbier, chercheur au Cirad et coordinateur du projet. Parmi eux, nous avons tiré au sort 40 participantes et participants, ce sont principalement des femmes et des jeunes ».
Un mécanisme de financement innovant
Le système de financement de ces pompes solaires est innovant, car le fournisseur et installateur offre un paiement différé. À la commande un contrat est signé avec l’agricultrice qui paye 7 % du coût des équipements. Le montant restant (23 %) à payer est échelonné sur 24 mois sans intérêt. De son côté, l’Union européenne accorde une subvention de 70 % qui limite le risque financier pris par le fournisseur. En cas de défaut de paiement, comme le stipule le contrat, et après conciliation à l’amiable le fournisseur peut décider de retirer la pompe solaire. « Le manque de garanties est un problème récurrent en matière de crédits agricoles », souligne Bruno Barbier. Par ailleurs, si l’agricultrice est à jour de ses versements elle bénéficie d’un service après-vente jusqu’à la fin de son contrat.
* Apesi - Action pour la promotion de l’entrepreneuriat et des systèmes d’irrigation (Burkina Faso), CSIC - Conseil supérieur de la recherche scientifique (Espagne), Inera - Institut de l’environnement et de recherches agricoles (Burkina Faso), Practica Foundation (Pays-Bas), ZALF - Centre de recherche sur le paysage agricole de Leibniz (Allemagne), 2iE - Centre d’enseignement supérieur et de recherche (Burkina Faso).