La France et le CGIAR créent une plateforme de partenariat de transformation des systèmes alimentaires par l’agroécologie

Institutionnel 8 juillet 2020
Une nouvelle plateforme de partenariat, coordonnée par le Cirad et le programme FTA (Forêts, Arbres et Agroforesterie) du CGIAR, vise à transformer les systèmes agricoles et alimentaires par l’agroécologie. Il s’agit en priorité de mieux évaluer les performances des systèmes agroécologiques dans un large éventail de contextes. La plateforme a pour ambition de rassembler de nombreux partenaires afin d’améliorer la coordination des travaux sur l'agroécologie aux échelles internationale, nationale et locale.
Une maraîchère de Casamance au Sénégal, dans sa parcelle horticole combinant des arbres fruitiers (agrumes, mangue, papaye) et des cultures maraîchères (oignons, choux, aubergines africaines, etc.). Ce type de système utilise l'eau de manière efficace : chaque goutte d'eau d'irrigation non utilisée par les cultures nourrit les racines des arbres
Une maraîchère de Casamance au Sénégal, dans sa parcelle horticole combinant des arbres fruitiers (agrumes, mangue, papaye) et des cultures maraîchères (oignons, choux, aubergines africaines, etc.). Ce type de système utilise l'eau de manière efficace : chaque goutte d'eau d'irrigation non utilisée par les cultures nourrit les racines des arbres

© R. Belmin, CIRAD

Les experts de la sécurité alimentaire placent désormais l’agriculture au centre de la santé humaine et planétaire*. La crise climatique est là** et la perte de biodiversité, alarmante***. Il devient urgent de transformer en profondeur le système alimentaire mondial. Et ceci avec deux objectifs : assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle pour tous (ODD2) tout en inversant la dégradation des ressources en terre et en eau et restaurer l'environnement au lieu de le dégrader davantage.

Les approches agroécologiques constituent une contribution essentielle à cette transformation. Mais de nombreuses lacunes existent en matière de connaissances et de mise en œuvre des transitions agroécologiques. Selon les centres du CGIAR et les organismes de recherche français, il est donc primordial de mieux établir et documenter le potentiel de ces approches et d’en informer les décideurs politiques et les bailleurs de fonds.

Cela implique, pour chaque question, de construire un cadre méthodologique commun et solide qui permettra d’aborder la grande diversité des contextes techniques et des socio-économiques dans lesquels ces transformations prennent forme.

Les organisations appellent également à agir sur la transition agroécologique des systèmes agroalimentaires. Elles soulignent, en outre, la nécessité de renouveler la manière dont la recherche est menée pour qu’elle soit inclusive, adaptative, qu’elle intègre les connaissances des acteurs, etc.

Le résultat est une plateforme (TPP) qui aborde la transformation de façon holistique selon toutes les dimensions des approches agroécologiques. Lancée par la France et le CGIAR, cette plateforme est coordonnée par le Cirad et le CRP FTA (programme de recherche du CGIAR sur les forêts, les arbres et l'agroforesterie). Le ministère français de l'Europe et des Affaires étrangères a porté, quant à lui, la contribution de la France au CGIAR à 4 millions d'euros par an pour les trois prochaines années. D'autres organismes seront invités à se joindre à la plateforme et à lui donner progressivement forme.

Le premier projet mis en place dans le cadre du TPP s'attellera en priorité à documenter et évaluer la viabilité socio-économique des pratiques agroécologiques en Afrique. Il vise à mener une évaluation multi-critères comprenant notamment l'évaluation des emplois et du travail généré, des revenus et de la sécurité alimentaire pour les ménages. Il est coordonné conjointement par le Cirad et l’ICRAF. D’une durée de trois ans, il se concentrera sur les échelles du champ à la ferme, avec une douzaine d'études de cas très diverses à travers le continent, impliquant de nombreux partenaires. Il analysera également les liens entre l'efficacité du processus de production à l'échelle du champ et les revenus, les besoins en main-d'œuvre, l'affectation de la main-d'œuvre aux différentes activités au niveau des ménages et l'organisation des activités agricoles. Le projet se penchera sur la charge et la nature du travail requis par les pratiques agroécologiques, ainsi que sur la répartition des bénéfices en fonction du genre et de l'âge. L'impact de ces pratiques sur les services des écosystèmes sera également évalué.

D’autres projets seront construits en parallèle sur des questions formulées par les partenaires de la plate-forme. Les résultats seront discutés avec les principaux décideurs politiques et largement diffusés, notamment par le biais de publications scientifiques à fort impact et d'événements de haut niveau.

 

* HLPE (2019) Agroecological and other innovative approaches for sustainable agriculture and food systems that enhance food security and nutrition. A report by the High Level Panel of Experts on Food Security and Nutrition of the Committee on World Food Security, Rome

Food in the Anthropocene: the EAT-Lancet commission on healthy diets from sustainable food systems (2019)

** IPCC (2018) Summary for policymakers: In: Global warming of 1.5°C. An IPCC Special Report on the impacts of global warming of 1.5°C above pre-industrial levels and related global greenhouse gas emission pathways, in the context of strengthening the global response to the threat of climate change, sustainable development, and efforts to eradicate poverty

*** IPBES (2019) Summary for policymakers of the global assessment report on biodiversity and ecosystem services of the Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services