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Produire plus, mieux et plus longtemps : les enjeux des travaux du Cirad pour la filière du goyavier à La Réunion
Une filière d’intérêt pour répondre aux demandes des consommateurs
La Plaine des Palmistes est une des principales zones de production de goyaviers à La Réunion. Chaque année, plusieurs dizaines de tonnes de goyaviers y sont produits puis écoulés, vendus dans les champs ou en barquettes, et transformés (en confiture ou autres) localement ou par des transformateurs de l’ile. Cette filière, représentée depuis 2017 par le GIEE Nout’goyavier et l’association éponyme (44 adhérents) et fortement soutenue par la mairie, la Chambre d’Agriculture et le Conseil Départemental, cherche à développer la production, maitriser la chaîne jusqu’à la commercialisation, transformer le goyavier localement et améliorer la rentabilité de cette production. Un des enjeux de la filière ? Avoir des goyaviers à proposer aux consommateurs le plus longtemps possible au cours de l’année. Pour résumer, produire plus, de qualité, et plus longtemps.
Depuis la création du GIEE Nout’Goyavier, le Cirad accompagne le groupement afin de relever ensemble les défis de la filière et apporter des solutions techniques à mettre en œuvre dans les vergers pour optimiser la production.
Etudier la production des goyaviers et restituer les résultats aux producteurs
Le 1er septembre 2023, Frédéric Normand et Doralice Veillant (UR HortSys) ont restitué aux producteurs du GIEE Nout’ Goyavier les résultats des travaux réalisés chez certains d’entre euxentre mi-2022 et mi-2023. Ces travaux avaient pour objectifs de:
- Comprendre comment se construit la production de goyaviers dans cinq vergers et identifier s’il existe des différences entre les vergers
- Evaluer les effets de la température sur la formation des fruits
- Identifier des problèmes dans les vergers, notamment la présence de ravageurs
Comprendre comment se construit la production de goyaviers dans différents vergers
Ce travail a été réalisé dans cinq vergers situés sur les flancs Nord et Sud de la Plaine des Palmistes, à des altitudes comprises entre 900 et 1300 m. Les différentes étapes de l’élaboration de la production (croissance végétative à la sortie de l’hiver, floraison, nouaison) ont été suivies et quantifiées selon un protocole commun à tous les vergers.
Il a été relevé une forte variabilité entre les vergers dans les différentes étapes de la production de fruits (mortalité des axes, nombre de nouvelles pousses, taux de pousses florifères et taux de nouaison). Par contre, le nombre moyen de fleurs par pousse florifère ne varie pas entre les vergers. La production de fruits varie aussi beaucoup entre les arbres des vergers étudiés. La durée de récolte est d’environ deux mois dans chaque verger, mais les périodes de récolte varient entre les vergers. La récolte a été plus tardive dans le verger en altitude. La variabilité observée dans l’élaboration de la production de goyaviers entre les vergers peut provenir de caractéristiques de terrain et de climat (altitude, température) propres à chaque verger. Afin de valider ces résultats, il a été proposé de refaire ce suivi durant une seconde année dans les mêmes vergers, de mi-2023 à mi-2024, et de rechercher des causes possibles de la variabilité observée (analyses de sol par exemple). Des corrections ont aussi été proposées sur le terrain dans les vergers qui ont le moins produit, comme par exemple la gestion des eaux stagnantes ou la pratique de la taille des goyaviers pour stimuler la croissance végétative.
Evaluer les effets de la température sur la formation des fruits
Les expérimentations réalisées sur les vergers ont également permis de mettre en évidence une relation positive entre la température moyenne lors de la floraison et le taux de nouaison (transformation de la fleur en fruit). Le taux de nouaison diminue quand la température moyenne pendant la floraison diminue et le taux de nouaison devient nul lorsque la température moyenne est inférieure à 13.5-14°C lors de la floraison. Cela signifie que les goyaviers fleurissent, mais ne donnent pas de fruits. La température à la floraison est donc à prendre en compte pour le déclenchement des cycles de production dans les vergers en altitude.
Identifier les problèmes dans les vergers, notamment la présence de ravageurs
Les observations menées ont permis de détecter un nouveau ravageur des goyaviers. Il s’agit d’une chenille qui se développe à l’intérieur des fruits immatures ou murs. L’espèce n’a pas été déterminée. Des chenilles seront récupérées lors du prochain cycle de production et mises en élevage afin d’obtenir le papillon et déterminer l’espèce.
Sur les vergers du flanc Sud de la Plaine des Palmistes ont été observés en juillet 2023 des rougissements puis des chutes de feuilles importantes sur plusieurs plants de goyavier. Ces symptômes ont déjà été observés en hiver dans d’autres vergers, mais leur cause n’est pas connue. Il pourrait s’agir d’une réaction à des gaz issus d’éruptions volcaniques, qui sont très présents sur la commune lors de certaines éruptions.
Une mise en commun pour déterminer les perspectives d’activités pour les productions futures
Cet atelier fut l’occasion de partager les résultats avec nos partenaires producteurs du GIEE Nout’ Goyavier, et d’envisager les thématiques à approfondir pendant le prochain cycle de production de septembre 2023 à juillet 2024. Les questions soulevées par ces premiers résultats seront approfondies avec la mise en place d’une seconde année de suivi et la mesure de facteurs (caractéristiques du sol, température) pouvant expliquer les écarts de production entre les vergers. Un autre verger localisé à la Petite Plaine sera rajouté au suivi. La chenille ravageur des fruits sera également déterminée. Enfin, la fiche technique sur la culture du goyavier, qui date de 2000, sera mise à jour par le GIEE et le Cirad afin d’intégrer les résultats obtenus depuis 2019 à travers ce partenariat.