L’Union européenne (UE) vient de verser 25 millions d’euros de financement additionnel à la FAO en vue d’élargir et de transposer à une plus grande échelle le Programme de gestion durable de la faune sauvage jusqu’à mai 2029.
Depuis 2017, l’initiative œuvre aux côtés de pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique pour réduire la chasse non durable d’animaux sauvages, conserver la faune sauvage et renforcer les moyens d’existence et la sécurité alimentaire des populations.
Dans sa première phase, l’initiative a reçu 45 millions d’euros de la part de l’UE, ainsi que des financements du Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM) et de l’Agence française de développement (AFD).
Au cours de cette nouvelle phase, la FAO continuera de diriger un consortium de partenaires composé du Cirad, du Centre de recherche forestière internationale (CIFOR) et de la Wildlife Conservation Society (WCS).
En Afrique australe, dans la zone de conservation transfrontalière du Kavango-Zambèze (KaZa), les conflits entre les humains et la faune sauvage constituent une menace sérieuse à la sécurité alimentaire des uns et la conservation des autres. Le projet SWM (Sustainable Wildlife Management) développe des plans communautaires d’aménagement du territoire ainsi que des initiatives d’amélioration des moyens de subsistance des populations. Objectif : garantir simultanément la coexistence pacifique entre les espèces, la protection de la faune sauvage et l’autonomisation des populations rurales.
« Le Programme de gestion durable de la faune sauvage a un rôle important à jouer dans l’action menée pour bâtir un monde durable où la sécurité alimentaire est une réalité pour tous », a déclaré Maria Helena Semedo, Directrice générale adjointe de la FAO. « L’initiative contribue à la mise en œuvre du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal ainsi qu’à la concrétisation des quatre améliorations définies dans le Cadre stratégique 2022-2031 de la FAO. Par exemple, le Programme œuvre à l’amélioration de la nutrition en favorisant la sécurité sanitaire des aliments d’un bout à l’autre des chaînes de valeur des animaux d’élevage et du gibier, et contribue à l’amélioration de l’environnement en développant des approches novatrices visant à mettre au point des pratiques améliorées, à renforcer les capacités de réduction des risques de zoonose et à protéger les écosystèmes ».
Coopération avec plus de 80 communautés locales dans 16 pays
Le partenariat collabore avec des administrations nationales et régionales, ainsi que plus de 80 communautés locales et autochtones, réparties dans 16 pays. L’initiative consiste à renforcer des approches novatrices et collaboratives ciblées visant à conserver la faune sauvage, protéger les écosystèmes et améliorer les moyens d’existence des personnes qui dépendent de ces ressources.
« Il faut du temps pour bâtir de nouveaux modèles transposables aux fins de la conservation de la faune sauvage et de l’amélioration de la sécurité alimentaire », a fait remarquer Marjeta Jager, Directrice générale adjointe de la Direction générale des partenariats internationaux (DG-INTPA) de la Commission européenne. « Nous devons développer plus avant les modèles mis à l’essai dans le cadre du Programme de gestion durable de la faune sauvage et devons diffuser et transposer à grande échelle les conclusions, les résultats et les approches issus du Programme afin d’amplifier les effets de notre action. Pour cette raison, l’Union européenne souhaite fournir des financements additionnels afin d’assurer la poursuite du Programme jusqu’en juin 2029 ».
Le Cirad consacre sa seconde série de podcasts à la biodiversité. Pour ce quatrième épisode, rendez-vous au cœur de la forêt gabonaise où la chasse fait partie de l’identité culturelle des populations. Des programmes de gestion collective des ressources fauniques sont en train d’être mis en place pour préserver la nature ainsi que la survie des communautés rurales.
Utilisation durable et légale des animaux sauvages
De nombreuses populations rurales dans le monde entier continuent de dépendre de la faune sauvage, qui pèse pour beaucoup dans leur alimentation, leurs revenus et leur identité culturelle. En effet, le gibier est une source importante de protéines, de graisses et de micronutriments. Toutefois, la hausse de la demande de gibier, que l’on observe en particulier dans les zones urbaines, menace les populations d’espèces sauvages, l’équilibre des écosystèmes et la sécurité alimentaire des communautés autochtones et rurales dans les régions tropicales et subtropicales.
De plus, la pandémie de covid-19 a mis en lumière l’interdépendance entre la santé humaine et animale et la santé des écosystèmes, et a illustré l’ampleur et la diversité des conséquences que la perte ou la dégradation de la biodiversité peuvent avoir dans le monde entier.
Le Programme de gestion durable de la faune sauvage vise à améliorer l’utilisation durable et légale des populations d’animaux sauvages au moyen d’une gestion participative de la chasse, de la pêche et de la faune sauvage. Il a également pour but de réduire la consommation, dans les zones urbaines, de gibier provenant de sources non durables en favorisant la mise en place de chaînes de valeur saines et durables pour les animaux d’élevage, notamment la volaille et le poisson.
Dans le département de Mulundu au Gabon, la faune sauvage est source de viande et de revenus essentiels pour les communautés rurales. Une équipe multidisciplinaire, coordonnée par le Cirad dans le cadre du programme SWM (Sustainable Wildlife Management), y mène une initiative combinant protection des espèces et promotion des moyens d’existence communautaires. Celle-ci vise à fournir aux villageois des outils pour gérer de manière durable les ressources animales.
L’initiative s’attache aussi à renforcer les capacités permettant de réduire les risques de zoonose à l’interface entre les êtres humains, les animaux domestiques, la faune sauvage et les écosystèmes en faisant la promotion de l’approche «Une seule santé».
Une contribution à l’échelle mondiale
Ce nouveau financement de l’UE servira à accroître l’impact et la durabilité du Programme en complétant les modèles mis à l’essai et en mettant en commun les enseignements, les outils et les innovations qui en sont issus aux niveaux national, régional et international.
L’initiative poursuivra sa collaboration avec l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique et des organisations régionales en Afrique.
Le Programme de gestion durable de la faune sauvage contribue à la mise en œuvre du Cadre stratégique 2022-2031 de la FAO, qui appuie la concrétisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 au moyen d’une transition vers des systèmes agroalimentaires plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables qui débouchent sur une amélioration de la production, de la nutrition, de l’environnement et des moyens d’existence.
Le Programme contribue en outre à de nombreuses stratégies et priorités internationales, notamment le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal, l’approche «Une seule santé» et la Convention de Ramsar relative aux zones humides d’importance internationale.
Source : Communiqué de presse de la FAO
« Sur les sites du programme SWM du Gabon et du Zimbabwe, le Cirad met en œuvre une gestion durable de la faune qui place les communautés rurales au centre de la gestion. Ces approches communautaires, portées par l’expertise du Cirad sur tous ses sites d’intervention au Sud, représentent une voie importante pour atteindre l’objectif de protection de 30 % des surfaces terrestres affiché dans le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal ».
Elisabeth Claverie de Saint Martin
PDG du Cirad