Le continent Africain est responsable de 9 % du bilan global de gaz à effet de serre, mais paradoxalement c’est aussi l’un des plus vulnérables au changement climatique. L’Afrique subsaharienne connaît déjà une intensification des périodes de sècheresse, et dans un futur proche, ce seront les zones méditerranéennes et australes du continent qui seront les plus touchées par le manque de pluie.
Le continent africain est celui qui émet le moins de gaz à effet de serre. Pourtant, les pays africains sont parmi les plus vulnérables aux effets du dérèglement climatique, d’autant qu’ils peinent à bénéficier de financements internationaux pour s’adapter. Ces spécificités ont donné lieu à une conférence « Changement climatique en Afrique » organisée le 13 juin dernier par Agropolis fondation et le Cirad. Trois autrices et auteurs du GIEC se sont exprimés sur ce qu’ils qualifient d’injustice environnementale. Rencontre avec deux d’entre elles.
Face à cela, des solutions seront partagées durant toute la semaine à Nairobi sur les thématiques de l’énergie et de l’industrie, des espaces urbains et ruraux, de l’alimentation et de l’eau, du développement humain.
Le Cirad sera présent, avec un panorama de solutions traditionnelles ou innovantes développées ou en cours de développement avec ses partenaires africains :
Convertir les résidus de l’industrie agroalimentaire en énergie
En zone rurale en Afrique de l’Ouest, l’approvisionnement énergétique dépend soit de systèmes autonomes à base de moteurs thermiques, de dispositifs solaires photovoltaïques ou thermiques, soit, plus rarement, d’un raccordement au réseau électrique national. Ces situations limitent le développement des PME agroalimentaires en zone rurale et les obligent à s’installer dans les zones périurbaines. Le projet Biostar travaille à rapprocher les unités de transformation des champs pour réduire les pertes post-récoltes et convertir en énergie les déchets de l’industrie agroalimentaire (coques d'anacarde, cabosses de cacao, noyau de mangue, balle de riz, effluents liquides…) pour qu’elles s’autoalimentent.
Coques de noix de cajou, balle de riz, noyaux de mangue : ces résidus produits par les PME agroalimentaires sont autant de sources potentielles de bioénergie. Une option énergétique durable que le Cirad et 9 de ses partenaires ambitionnent de développer en Afrique de l’Ouest. Mis en œuvre au Sénégal et au Burkina Faso, avec des activités de dissémination du projet en Côte d'Ivoire, au Mali et au Niger.
Réduire la dépendance aux intrants de synthèse grâce à l’agroécologie
La production d’intrants de synthèse est un secteur consommateur d’énergie et émetteur de gaz à effet de serre. Alors, quand engrais et pesticides ne sont pas toujours accessibles dans certaines zones d’Afrique, quelles alternatives développent les agricultrices et agriculteurs pour nourrir les plantes cultivées ou encore lutter contre les bioagresseurs ?
Véritable engrais verts pour les cultures, les légumineuses savent en effet fixer l'azote de l'air dans les sols et booster ainsi la croissance des plantes cultivées à côté. En Afrique, plusieurs systèmes agricoles utilisent certaines légumineuses en association avec des céréales : le niébé, l'arachide... Les légumineuses pourraient-elles remplacer en partie les engrais minéraux ? Quel poids pourraient-elles avoir dans la sécurité alimentaire du continent africain ?
Optimiser et développer les systèmes agroforestiers
L’agroforesterie est utilisée de manière traditionnelle au Sahel : avec les chercheurs, les services écosystémiques rendus aux cultures sont optimisés pour les cultures en adaptant les pratiques agricoles.
Emblématiques de l’Afrique sub-saharienne, les parcs agroforestiers font partie intégrante des paysages agricoles africains. Les arbres apportent quantité de services écosystémiques aux populations qui les entretiennent, comme aux cultures auxquelles ils sont associés dans les parcelles agricoles. Mais ces services entrent parfois en compétition, entraînant des effets négatifs sur les productions agricoles. Ces derniers peuvent être atténués par l’adaptation des pratiques agricoles.
En Côte d’Ivoire et au Ghana, l’agroforesterie est amenée à se développer notamment pour protéger la filière cacao des aléas climatiques, dans le cadre du projet Cocoa4future.
Le projet vise à réduire, via l’agroforesterie, la vulnérabilité des exploitations cacaoyères en Côte d’Ivoire et au Ghana en identifiant des leviers de durabilité agronomique et socio-économique, tout en préservant l’environnement. Coordonné par le Cirad, il est financé par l’Union européenne dans le cadre du programme DeSIRA.
Développer des variétés et modes de production plus économes en eau
Espèces, comme le mil ou le sorgho, ou variétés plus résistantes au stress hydrique, modes de production agroécologique, comment s’adapter au manque d’eau ?
Face aux changements climatiques, les paysans sahéliens s'adaptent et innovent, en redécouvrant parfois des techniques ancestrales. Au Burkina Faso ou au Sénégal, plusieurs agriculteurs utilisent la technique séculaire du zaï, qui permet aux cultures de survivre à des temps très secs.
Développer des modes de production agroécologique, plus résilients au changement climatique, est justement l'objet du projet FAIR Sahel. Maraîchage dans les Niayes au Sénégal, systèmes à base de sorgho et de légumineuses dans les zones centrales au Burkina Faso, coton sont quelques-unes des productions en expérimentation dans le projet.
Grâce à la construction collective de systèmes techniques innovants d'intensification agroécologique, les petits producteurs de trois pays sahéliens pourront améliorer leurs revenus, tout en rendant leur exploitation plus résiliente au changement climatique et protectrice des ressources naturelles.
Semaines régionales du climat : échanger sur les solutions climatiquesLes semaines régionales du climat offrent une plateforme d’échange sur les solutions climatiques aux décideurs politiques, aux entreprises, à la société civile. Les thématiques de l’énergie et de l’industrie, des espaces urbains et ruraux, de l’alimentation et de l’eau, du développement humain y sont abordés.
Quatre semaines régionales sont prévues en 2023 dans quatre zones du monde.