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Repenser l’innovation à l’aune du « moins » et du « sans »
En 2012, en nous appuyant sur le cas de l’agriculture sans labour, nous avions proposé la notion d’innovation par retrait. Nous voulions attirer l’attention sur le fait que le retrait de technologies existantes pouvait devenir le point de départ de l’innovation, alors que cette dernière était traditionnellement associée à l’introduction d’une nouveauté
Mais comment faire sans, ou faire avec moins ? Si l’on sait que l’adoption de nouveautés relève de phénomènes complexes, parvenir à supprimer ou réduire l’existant n’est pas chose aisée non plus. « Cela déclenche une série de processus en cascade, et une ingénierie bien spécifique. Par exemple, pour rendre l’agriculture moins dépendante des pesticides, il faut produire des connaissances dans de nombreux domaines, développer des alternatives, reconcevoir les systèmes de production, changer des cadres règlementaires, développer de nouvelles filières, etc. On ne se détache de certaines technologies que si on se ré-attache à d’autres technologies, à d’autres chaînes d’acteurs, ou d’autres façon de créer de la valeur ». Et le constat vaut pour de nombreux domaines : énergie, transport, santé, emballages, et bien d’autres encore qui sont traités dans ces ouvrages. Et à chaque fois, ces changements s’inscrivent dans le temps long, expliquant en partie le succès actuel de la notion de transition.
Ces ouvrages sont composés de cinq parties :
- Une première partie aborde les cadres historiques et conceptuels, en revenant sur l’histoire mouvementée de la notion d’innovation, et sur les approches sociotechniques des transitions.
- Une seconde traite des mécanismes impliqués dans le détachement, en particulier les mobilisations sociales pour le retrait et le développement d’alternatives dans l’alimentation, de l’emballage et l’énergie.
- Une troisième porte l’intensité des processus de détachement, en particulier dans les domaines de la santé - humaine, végétale et animale -, avec les débats autour des vaccins, des pesticides et des antibiotiques.
- Une quatrième sur la question de la désintermédiation, avec par exemple le développement de circuits courts basés sur l’éviction des intermédiaires et le développement de relations plus « directes » entre producteurs et consommateurs, ou encore le développement d’une alternative aux bases de données centralisées dans le secteur agricole.
- Une cinquième sur la question des résistances aux retraits, avec les stratégies des industries pour contrer les volontés d’interdire certaines substances ou technologies.
A propos des auteurs
Frédéric Goulet est sociologue, chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). Ses recherches portent sur les transformations des sciences et des technologies appliquées au secteur agricole.
Dominique Vinck est Professeur d’études sociales des sciences et des techniques à l’Université de Lausanne. Ses recherches portent sur la sociologie des sciences et de l’innovation. Il dirige la Revue d’Anthropologie des Connaissances.