Stations forestières, collections, laboratoire des sciences du bois, campus agronomique : le Cirad accueille la Collectivité territoriale de Guyane en immersion sur le terrain

Le 13 mars 2024, le Cirad et ses partenaires ont reçu une délégation d’élus et de personnels de la Collectivité territoriale de Guyane (CTG) sur leurs différents dispositifs proches de Kourou. Cette délégation a été en immersion sur les différents sites : les stations d’expérimentation et d’observation de Combi et de Paracou, ainsi que les laboratoires et pilotes du campus de Kourou et de Pariacabo, dont certains accueillent des entreprises guyanaises innovantes comme Solicaz.

Une agrobiodiversité préservée et valorisée 

Les visiteurs de la collectivité ont pu découvrir les collections du Centre de ressources biologiques plantes pérennes (CRB-PPaccrédité ISO 9001/2015 depuis mars 2021), soutenu par le projet Ressources génétiques des plantes pérennes en Guyane (Regepe FEDER Guyane). Ce CRB concerne des cultures pérennes tropicales endogènes ou introduites, en particulier des cacaoyers et des caféiers. Un CRB est un centre vivant et évolutif, son ambition est d’élargir son périmètre à de nouvelles espèces avec l’inclusion de parcelles de diversité sur les agrumes, le bois de rose, l’Aquilaria,… Il est complété par les projets FEDER sur la Production de plants de bois de rose (Anib@rosa 2) (), et sur les Valorisations cosmétiques (ValorExtr@ct), Aquil©Guyane et FEADER GuyAgrumes conduits en collaboration étroite avec les producteurs guyanais.

Des systèmes agroforestiers mettant en valeur des arbres endémiques comme le cacao guiana

La collectivité a pu apprécier les expérimentations conduites en agroforesterie, en particulier incluant des cacaoyers (FEADER, C2G2), en production actuellement. Ces parcelles pilotes ont été élaborées en lien étroit avec les professionnels afin de mettre à disposition des itinéraires techniques agroécologiques pour toutes les phases de la production (plants, vergers, produits). Ces expérimentations sont soutenues par le réseau RITA (Réseau d’Innovation et de Transfert Agricole) pour les filières fruits et légumes (agrumes, ananas, banane, maraichage).

Des systèmes d’élevage productifs et aux impacts environnementaux limités

Même si aucun animal n’est présent sur la station de la pointe Combi, la visite a également permis d’évoquer les travaux réalisés depuis cinq ans dans le cadre du projet FEADER GUYAPATUR, sur l’amélioration de la gestion des prairies grâce au pâturage tournant dynamique et à l’élaboration de différents outils de pilotage des surfaces fourragères (observatoire de la pousse de l’herbe, caractérisation des fourrages à l’aide de la spectrométrie proche infrarouge, gestion des adventices). Les travaux démarrés sur la séquestration du carbone dans les exploitations d’élevage (Programme FairCarboN : viser la neutralité carbone) ont aussi été évoqués (mesure des flux de gaz à effet de serre, dynamique du carbone du sol).

Une forêt qui dévoile ses atouts peu à peu

La station de Paracou

Depuis 1984 (soit près de 40 ans), le dispositif de Paracou suit la réponse des écosystèmes forestiers tropicaux aux perturbations, exacerbées par les changements globaux (125 Ha et 70 000 arbres suivis et tour à flux – GuyaFlux, GFClim). Il permet également d’acquérir les bases scientifiques d'une gestion forestière optimisant le rendement en produits forestiers tout en maintenant des services écosystémiques de la forêt, en partenariat avec l’ONF.

Il est visible et reconnu à l’international avec des données en ligne. Il contribue et alimente de nombreux projets avec des résultats et des partenaires qui contribuent à l’élaboration de règles pour une gestion durable des forêts tropicales.

Le laboratoire des sciences du bois  et de l’arbre de Guyane

Ce dispositif est complété par le laboratoire des sciences du bois de Guyane à Pariacabo et par les laboratoires de l’UMR Ecologie des forêts en Guyane (EcoFoG) sur le campus agronomique de Kourou. Cette première plateforme permet de mieux comprendre les caractéristiques des bois guyanais, depuis leurs fonctions dans l’arbre jusqu’à leur valorisation en biomatériaux (bois de structure, isolants, papiers, briques, …). L’association au laboratoire de chimie des substances naturelles amazoniennes à Cayenne, permet l’extraction et la caractérisation des métabolites secondaires du bois, dont les huiles essentielles et pour le secteur de la cosmétique, ainsi que des substances valorisables en biotraitements des bois.

Deux jeunes chercheuses en thèse ont présenté leurs travaux : valorisation des bois ronds pour la construction en Guyane et potentiel de la diversité chimique des bois de Guyane pour le développement de biotraitement des bois blancs de Guyane.

Le Campus agronomique de Kourou

Sur le campus agronomique de Kourou, les laboratoires de génétique et d’écologie de l’INRAE et d’AgroParisTech approfondissent la compréhension des relations entre les différents éléments de l’écosystème forestier (arbres, plantes, animaux, insectes) en mobilisant des outils moléculaires pour identifier ces liens et caractériser des traits spécifiques et des outils d’imagerie pour les représenter et les vulgariser.

L’entreprise Solicaz a également présenté son expertise sur les analyses de sols et des produits de biostimulation élaborés à partir des communautés microbiennes du sol guyanais, mais également les freins de développement de ses innovations.

Les échanges avec les élus ont été nourris et très constructifs

Cela a été l’occasion pour le Cirad et ses partenaires d’indiquer la projection principale des activités, qui vise à conforter les dispositifs existants sur le moyen et long terme (dispositifs forestiers, expérimentations avec des ligneux pérennes, valorisation des bioressources, …). Ces dispositifs permettent l’acquisition de données et de résultats dans la durée (> 10-15 ans). Cette durée est nécessaire pour la compréhension de phénomènes et de processus lents (flux de matière et séquestration, régénération des forêts exploitées, acquisition de référentiels technico économiques.). Ces données sont également précieuses pour la structuration de filières et l’élaboration de politiques publiques efficaces. Le rendez-vous est pris pour de nouveaux échanges à l’avenir