Résultats & impact 2 avril 2024
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Sous les tropiques, la lutte biologique peut limiter la déforestation et l’érosion de la biodiversité
La lutte biologique contre les espèces invasives est souvent considérée comme une pratique pouvant présenter des risques pour l’environnement. Elle peut pourtant restaurer les rendements, alléger la pression exercée par l’agriculture sur l’environnement et cela, en contribuant à conserver la forêt. C’est la conclusion d’un article qui vient d’être publié par une équipe internationale, dont fait partie le Cirad, dans Communications Biology - Nature . Cet article illustre les effets positifs d’une lutte biologique mise en œuvre en Asie du Sud-Est contre la cochenille farineuse du manioc, Phenacoccus manihoti (Hemiptera).
L’extension du front agricole réduit, après lutte biologique
Arrivée en 2009 en Thaïlande, cette cochenille a provoqué une baisse de près de 20 % des rendements de manioc, plante cultivée sur près de 4 millions d'hectares en Asie du Sud-Est. Une flambée des prix du manioc s’en est suivie, ainsi qu’une extension des surfaces cultivées, au détriment de la forêt. Les taux de déforestation sont alors multipliés par 2 voire 6, dans les pays voisins. En 2010, la micro-guêpe parasitoïde de cette cochenille, Anagyrus lopezi (Hymenoptera), est introduite par les autorités : les dégâts de la cochenille se réduisent ainsi que la superficie nécessaire à la culture du manioc et le rythme de déforestation.
« Grâce à des images satellites en temps quasi réel, couplées à des analyses statistiques, nous avons observé un ralentissement de la déforestation entre 31 et 95 % » , explique Kris Wyckhuys, agro-écologiste à l'Université du Queensland (Australie) et à l'IPP-CAAS (Chine), coordinateur de l'étude. Les scientifiques en concluent qu’une lutte biologique bien ciblée contre un ravageur de culture permet d’augmenter les rendements et ainsi d’éviter l’extension des terres agricoles et la déforestation.
La lutte biologique pour préserver la biodiversité
« Cette étude vient confirmer l’intérêt des collaborations entre biologistes de la conservation et agronomes de la protection des cultures pour faire face aux problèmes de ravageurs que rencontrent les agriculteurs » , se réjouit Kris Wyckhuys. De telles approches agro-écologiques permettent de concilier à la fois contrôle des espèces invasives, conservation de la biodiversité et rentabilité de l’agriculture. « En optant pour la lutte biologique, plutôt que pour les pesticides , ajoute Jean-Philippe Deguine du Cirad, co-auteur de l’étude, « les agriculteurs désamorcent les problèmes d'organismes nuisibles, améliorent la rentabilité de leur exploitation tout en devenant gardiens de l'environnement » .
*Partenaires de l’étude :
- Institute of Applied Ecology, Fujian Agriculture & Forestry University, Chine
- China Academy of Agricultural Sciences CAAS, Chine
- University of Queensland, Australie
- Zhejiang University, Chine
- Xishuangbanna Tropical Botanical Gardens, China Academy of Sciences CAS, Chine
- Ministry of Agriculture and Cooperatives, Bangkok, Thailande
- Charles Sturt University, Australie
- Brock University, Canada
- International Center for Tropical Agriculture CIAT, Vietnam
- Cirad, France
- Norwegian University of Life Sciences, Norvège
Référence
Wyckhuys K.A.G., Hughes A.C., Buamas C., Johnson A.C., Vasseur L., Reymondin L., Deguine J.-P., Sheil D., 2019. Biological control protects tropical forests. Communications Biology - Nature .