Science en action 9 avril 2024
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- L'agroécologie, levier de la bonne santé d'un territoire
Lancement du projet Santés & Territoires : la santé comme levier de développement dans le cadre de la transition agroécologique
Les zoonoses, maladies animales transmissibles à l’être humain, les résistances aux antibiotiques et les pollutions environnementales posent aujourd’hui de graves problèmes de santé publique à l’échelle mondiale. Ces problèmes sanitaires sont pour beaucoup liés aux systèmes de production agricole. La transition agroécologique des territoires peut-elle permettre de les régler ? C’est à cette question que va s’atteler le projet Santés & Territoires, qui démarre sur plusieurs sites au Sénégal, au Bénin, au Laos et au Cambodge. Coordonné par le Cirad, le projet est cofinancé par l’AFD et le programme européen DeSIRA - Development Smart Innovation through Research in Agriculture.
Le lancement officiel a eu lieu le 27 septembre à Saly au Sénégal. Fidèle à l'esprit collaboratif du projet, ce lancement s’est ouvert par une table-ronde animée par Mariam Sow de la DyTAES sur la thématique du projet « One Health, agroécologie et politiques publiques », avec : Abdoulaye Dème, représentant le recteur de l'UGB ; Astou Camara, représentant le directeur de l'ISRA ; Mamadou Demba Sall, représentant du directeur de la délégation du Lac de Guiers – SAED ; Christophe Cambier, représentant de l’IRD ; Sylvie Lewicki, directrice régionale du Cirad pour l'Afrique de l’Ouest - zone sèche.
La santé, levier de développement dans le cadre de la transition agroécologique
La notion de santé du territoire constitue l’arc fondateur du projet Santés & Territoires. Pour Aurélie Binot, chercheuse en anthropologie et en agronomie au Cirad à l’origine du projet, « cela va au-delà des santés environnementale, végétale, animale ou humaine, que l’on retrouve liées par le concept One Health (Une Seule Santé). Pour qu’un territoire connaisse un développement local et une paix sociale durables, il faut à la fois considérer la santé globale, mais aussi la qualité sanitaire des produits agricoles. »
La qualité des produits agricoles étant dépendante des systèmes de production et des filières, l’équipe du projet Santés & Territoires s’est orientée vers l’agroécologie. « C’est une façon de produire qui peut s’adapter selon les territoires, permettre de garantir une durabilité de la production agricole et de préserver la santé du territoire dans toutes ses dimensions », ajoute Raphaël Duboz du Cirad, coordinateur du projet.
Pendant cinq ans, les acteurs du projet vont ainsi s’atteler à améliorer la qualité de vie et le bien-être des populations locales grâce à des transitions agroécologiques adaptées aux différents terrains.
« Living labs » : la naissance de nouvelles instances de concertations citoyennes
Première étape : « Il faut que tous les acteurs locaux se mettent d’accord sur une définition commune et partagée de la santé, selon Aurélie Binot. Elle varie selon les territoires, mais aussi selon des enjeux économiques, sociaux ou environnementaux. La première chose à instaurer sera donc le dialogue, entre des secteurs qui n’ont pas l’habitude d’échanger. »
Pour ce faire, le projet Santés & Territoires va mettre en place des livings labs sur les différents terrains d’étude, au Sénégal, Bénin, Laos et Cambodge. Les livings labs, ou laboratoires vivants, sont des arènes de discussions où sont représentés tous les points de vue des acteurs d’un territoire. Y seront rassemblés des acteurs qui, autrement, ne se seraient jamais croisés, et qui vont apprendre à faire des choix ensemble sur base d’expérimentations partagées.
Au Sénégal, par exemple, dans la région du lac de Guiers, plusieurs acteurs participent séparément à la santé du territoire. Aurélie Binot relate comment leurs activités peuvent parfois s’affronter :
« Il y a d’abord les compagnies de cannes à sucre, qui sont un pôle d’emploi fort dans un territoire enclavé. Ces agro-industriels vont, par exemple, proposer des services de santé à leurs employés. Par contre, ils vont utiliser des pesticides, qui risquent de contaminer l’eau ou la terre.
« Sur ce même territoire, on trouve des éleveurs et des maraîchers bio, qui sont en contact permanent avec l’eau du lac, via les canaux d’irrigation et les points d’eau pour l’abreuvement du bétail. En raison des travaux d’aménagements hydrauliques plus en amont, cette eau transporte potentiellement des parasites qui menacent la santé des hommes et de leurs animaux, et même des cultures végétales. »
Pour l’équipe de l’ambitieux projet Santés & Territoires, toutes ces activités doivent être discutées avec l’ensemble des acteurs afin d’améliorer la santé du territoire de manière durable. « C’est un projet d’accompagnement par la recherche, où les connaissances et les expérimentations seront produites et mobilisées conjointement par l’ensemble de acteurs des territoires », précise Raphaël Duboz. « Des indicateurs, qui font sens pour les acteurs locaux, seront développés et permettront de caractériser l’état de santé du territoire et de suivre l‘impact des activités agricoles ». Plusieurs méthodes agroécologiques seront proposées et testées, avec une seule certitude : la santé publique et les dynamiques agricoles sont à penser conjointement.