Institutionnel 26 avril 2024
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Pôle de protection des plantes : une rénovation et extension d’envergure pour répondre aux enjeux de santé et biodiversité
Démarré en octobre 2019 avec l’appui financier de la Région Réunion, de l’Etat et notamment du plan France Relance, de l’Ademe et des fonds européens, « le chantier du Pôle de Protection des Plantes représente 3 200m² d’infrastructures neuves et 800 m² de projet de réhabilitation », résume Eric Jeuffrault, le directeur régional du Cirad à La Réunion-Mayotte.
« A travers cette infrastructure moderne et technologique, le Cirad ambitionne de constituer un pôle régional de recherche, de développement technologique et d’innovation sur des thématiques d’intérêts agricole et environnemental partagées avec le territoire et les pays de la zone de l’océan Indien ».
Parmi les exemples de travaux de recherche menés au Pôle de protection des plantes :
- Le contrôle biologique du foreur de la canne à sucre, un insecte ravageur, par la plante piège Erianthus ;
- La mise en œuvre de la technique de l’insecte stérile contre Bactrocera dorsalis, la mouche des fruits ou Aedes albopictus, le moustique tigre ;
- Le développement d’outils moléculaires pour l’épidémiosurveillance dans la filière agrumicole (surveillance de la maladie du Huanglongbing, du chancre bactérien ou encore de la Tristeza des agrumes) ;
- Le séquençage des matériels génétiques des différents organismes, du virus associé à la maladie du Wilt de l’ananas à La Réunion au génome de Vanilla planifolia, un vanillier traditionnel réunionnais ;
- Les travaux de priorisation de lutte contre les plantes exotiques envahissantes à La Réunion ;
- La sauvegarde et la conservation des variétés à haute valeur patrimoniale des plantes cultivées à La Réunion au sein du centre de ressources biologiques (CRB) Vatel.
Une infrastructure scientifique d’excellence spécialisée dans le développement de solutions en santé végétale
Cette nouvelle infrastructure regroupe sur un même lieu l’ensemble des forces vives de recherche et développement en santé végétale, privés et publiques, présentes localement, du terrain au laboratoire, avec un potentiel d’accueil de compétences complémentaires : Cirad, Université de La Réunion, FDGDON, ANSES, INRAe, IRD, MNHN, GDS, et en interaction avec la biofabrique Coccinelle située à proximité et le Parc national de La Réunion avec son antenne dans le sud à partir de 2022.
Trois nouvelles ailes et une extension pour un total de 3200 m² viennent renforcer ce plateau technologique avec de nouveaux équipements, des espaces de laboratoires et une capacité d’accueil renforcés.
Les nouveaux bâtiments couvrent quatre grandes thématiques :
- Ecologie terrestre (extension de l’aile D) : cette structure comporte désormais un laboratoire dédié à l’écologie chimique dont les travaux visent à promouvoir des techniques de protection agroécologique contre les insectes ravageurs des cultures.
- Biologie moléculaire (aile F) : cette nouvelle aile permet d’accueillir trois fois plus de scientifiques et intègre toutes les technologies permettant d’accéder au matériel génétique des différents modèles biologiques utilisés dans les travaux de recherche. Elle permet de développer les travaux en matière de séquençage génétique et de surveillance épidémiomoléculaire.
- Ressources génétiques (aile G) : cette structure centralise les différentes collections de ressources biologiques (CRB Vatel, etc.) pouvant être valorisées par les différents projets scientifiques en cours et à venir sur la sécurité alimentaire et la biodiversité.
- Enfin un espace commun pour une économie d’échelle et de coûts sur les activités scientifiques préparatoires (aile E) par les différentes activités de recherche. Il permet notamment la production d’azote liquide, la production de milieux biologiques, le stockage centralisé des réactifs chimiques, etc.
Ces nouveaux dispositifs permettent de renforcer les activités de recherche agronomique menées en partenariat au sein du Pôle de protection des plantes telles que :
- La contribution au dispositif d’épidémiosurveillance vis à-vis à bioagresseurs tropicaux majeurs ;
- La participation à la transition agroécologique et le renforcement du biocontrôle avec la mise au point de moyens de lutte biologique notamment ;
- La protection, la restauration et la valorisation de la biodiversité locale et en océan Indien par la conservation des ressources biologiques d’intérêt sur le plan alimentaire (CRB Vatel) avec une démarche de structuration des filières, mais aussi la lutte contre les espèces exotiques envahissantes avec le développement d’outils d’aide à la décision pour les gestionnaires. Cela concerne aussi la préservation de l'abeille (un pollinisateur indispensable à l'agriculture) à travers des travaux pour mieux comprendre les mécanismes de résistances naturelles de l’abeille au varroa, une espèce d’acariens parasites de l’abeille.
« Constituant une véritable plateforme de recherche au service de l’agriculture réunionnaise et de l’océan Indien, cette infrastructure reflète notre volonté de participer avec nos partenaires au rayonnement scientifique et technique de La Réunion et de l’océan Indien », commente Elisabeth Claverie de Saint Martin, PDG du Cirad. « C’est l’une des plus importantes infrastructures du Cirad en France ».
Une capacité d’accueil renforcée
Une salle de conférence de 200 m² vient compléter le projet. Elle permet désormais d’accueillir jusqu’à 140 personnes, ce qui rend possible l’organisation de conférence et séminaire d’envergure internationale, un plus pour le sud de La Réunion. La conception est faite avec un bardage en bois de cryptomeria de production locale.
Un modèle de développement durable avec une maîtrise affirmée de la consommation d’énergie
L’extension du Pôle de protection des plantes a été conçue pour avoir un impact le plus faible possible sur l’environnement. Faire le choix d’une construction labellisé PREBAT* pour le développement durable, concevoir un bâtiment à faible impact sur l'environnement extérieur et créer un environnement intérieur sain et confortable, telles ont été les bases de départ qui ont gouvernées le projet d’infrastructure qui se veut bioclimatique.
Un pari, au regard de l’évolution attendue climatique des prochaines années à La Réunion et donc un défi : assurer le confort des occupants uniquement grâce à la ventilation naturelle de ces espaces (donc sans utilisation de climatisation), une ventilation créée par un jeu de porosité entre les façades verticales, horizontales ou inclinées. Le tout est complété par une forte interaction avec l’environnement extérieur qui vient, par la mise en place d’un jardin paysagé (composé dans le cadre de ce projet d’espèces endémiques et indigènes), assurer un îlot de verdure et de fraîcheur, permettant ainsi un refroidissement adiabatique de l’air entrant dans ces espaces. Ce procédé est appelé « bio climatisation ».
Il aura fallu une étude du projet en soufflerie pour assurer définitivement, avec l’aide de la maîtrise d’œuvre, le scénario retenu :
- Une noue aéraulique, de 2m50 de hauteur, au niveau de la toiture fonctionnant en dépression naturellement sur les principes d’une cheminé de tirage ;
- La porosité des façades verticales par l’installation de trame jalousie à ouverture modulable par l’occupant ;
- Le jardin paysagé en périmètre du bâtiment avec 3 niveaux de strates végétales.
Combiné à cela, un bouclier thermique qui se traduit par :
- Des débords de toitures, brise soleil et casquettes de protection pour éviter les rayonnements solaires direct sur les façades vitrées a toutes époques de l’année
- L’isolation thermique des murs, des toitures et des façades horizontales
De plus, dans le cadre du Plan de relance de l’Etat « France Relance », la toiture du bâtiment va être dotée d’une couverture de panneaux photovoltaïques. Cette exploitation des toitures vient compléter un programme plus général en bioclimatique visant à obtenir ce label PREBAT*, les travaux permettront d’inscrire le bâtiment dans un modèle de moindre dépendance vis-à-vis du réseau électrique, et dans une optique de développement durable. « Notre ambition est de réduire les besoins en énergie et de façon plus globale l’empreinte carbone des activités et infrastructures du Cirad. Le 3P à La Réunion est exemplaire dans cette démarche », souligne Elisabeth Claverie de Saint Martin, PDG du Cirad.
*PREBAT : Programme national de Recherche et d'expérimentation sur l'Énergie dans les BÂTiments lancé en 2005 en France
FDGDON : Fédération départementale des groupements de défense contre les organismes nuisibles de La Réunion
ANSES : Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail
MNHN : Muséum national d'Histoire naturelle
GDS : Groupement de défense sanitaire
IRD : Institut de recherche pour le développement