A travers ce document, le Conseil scientifique Covid-19 a souhaité « rappeler l’urgence de passer d’une vision univoque de la santé à une vision intégrée, plus englobante et holistique ».
Il s’agit, pour ses seize membres, de « repenser notre façon d’aborder le concept de santé unique en intégrant mieux l’environnement et ainsi appréhender globalement la santé de tous les organismes vivants dans un écosystème donné ».
Le concept d’« une seule santé » est bien connu du monde de la recherche. Mais il est encore insuffisamment appliqué, en dehors de la communauté scientifique, pour pouvoir réduire véritablement sur le terrain les risques d’émergences de maladies zoonotiques (maladies transmissibles de l’animal à l’être humain).
Pourtant, « selon l’Ipbes, réussir à prévenir les risques d’émergence de maladies à potentiel pandémique coûterait 100 fois moins cher que d’avoir à gérer les conséquences d’une pandémie », rappelle Thierry Lefrançois, directeur du département Systèmes biologiques du Cirad et membre du Conseil scientifique.
Adopter une approche « une seule santé » consiste à prendre en considération les liens entre santé humaine, santé animale, et environnement dans une approche multisectorielle mais aussi pluridisciplinaire et multiacteurs.
« De nombreuses actions concrètes de recherche et de surveillance sur les émergences sont déjà engagées, avec la mise en place de dispositifs partenariaux, alliant vétérinaires, professionnels de la santé publique, et scientifiques, comme par exemple dans la Caraïbe et l’océan Indien. Mais il faut changer d’échelle et décloisonner les secteurs », souligne Thierry Lefrançois. Un changement d’échelle qui a déjà démarré notamment avec l’initiative Prezode qui rassemble aujourd’hui 100 partenaires internationaux et l’adhésion de sept pays sur quatre continents.
La conférence PREZODE « Unissons nos forces pour sortir de l’ère des pandémies » a réuni de prestigieux invités le 11 février dernier. Organisé dans le cadre de la Présidence française du Conseil de l’Union européenne, l’événement a permis de consolider le soutien politique des pays européens et de la Commission européenne à l’initiative PREZODE.
Ces différentes actions tirent parti de l’ancrage de la coopération scientifique de la France avec les pays du Sud afin de « coconstruire des écosystèmes résilients aux crises dans toutes les zones du globe » précise Thierry Lefrançois.
Le Conseil scientifique appelle ainsi à « un changement de paradigme » général, y compris, « dans la formation des professionnels de santé et des décideurs » et à la mise en place d’une « organisation multisectorielle de la santé » à toutes les échelles locales, nationales, régionales et mondiale.
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