- Accueil
- Dans le monde
- Nos directions régionales
- Réunion, Mayotte et océan Indien
- Actualités
- biodiversité et conservation des espèces : le boeuf Moka
Biodiversité et conservation des espèces locales : préserver la race « Péi » et créer la filière du bœuf Moka
Autrefois utilisé pour le transport de canne à sucre, le cheptel de bœuf Moka s’élevait à plus de 20 000 têtes dans les années 70, aujourd’hui, seuls 211 animaux sont officiellement identifiés en code 80, code racial Moka pour une douzaine d’éleveurs (Source Chambre d’Agriculture de La Réunion). 28 élevages dont 19 naisseurs engraisseurs recensés permettent de chiffrer les effectifs actuels à 400 têtes. La majorité des élevages se trouvent sur la commune de St-Paul. Cette réduction s’explique notamment par le développement et la modernisation des transports après la seconde guerre mondiale et par l’urbanisation qui vient grignoter les zones de pâturages.
Conjointement, les travaux de l’APPER et du Cirad portés par Olivia Fontaine, ingénieure zootechnicienne visent à mettre en place une stratégie de sauvegarde de la race Moka.
Les travaux menés ont permis de caractériser :
- Les élevages et les populations locales de bœufs Moka ;
- Leurs caractéristiques morphologiques et raciales ;
- Leur diversité génétique ;
- Leurs capacités d’adaptation aux contraintes environnementales.
Ces travaux ont notamment permis de déposer un dossier à la Commission nationale d’amélioration génétique du ministère de l’Agriculture, qui a officiellement ajouté le zébu Moka de La Réunion (code 80) à la liste officielle des races françaises en 2016.
Le bœuf Moka est aujourd’hui menacé de disparition, un dommage face aux atouts possédés par la race. En effet, cette race a su s’adapter au fil des années à un environnement contraint et constitue ainsi des réservoirs de gènes d’adaptation face à des conditions d’élevages variables et essentiels en prévision des changements climatiques à venir.
Un des premiers freins rencontrés par les éleveurs est lié à l’absence de titre de propriété ou de convention d’occupation pour le foncier sur lequel ils exercent leur activité. Ils n’ont par conséquent pas accès aux différentes aides financières pour cette activité d’élevage. Or, outre de réels enjeux économiques, la préservation du bœuf Moka relève de la sauvegarde d’un patrimoine au niveau de l’espèce mais aussi de la conduite d’élevage typique à la race et des activités annexes en découlant. Préserver ces races s’inscrit aussi dans une dynamique de sauvegarde des petites exploitations familiales véhiculant des pratiques plus durables que les grosses exploitations industrielles. Il apparait donc comme nécessaire d’élaborer des stratégies durables de conservation et valorisation de la race.