Il aura fallu attendre la COP23 en 2017 et l’adoption de l’action conjointe de Koronivia (Koronivia Joint Work Action) pour que les questions d’agriculture et d’alimentation soient enfin discutées dans les négociations climatiques internationales.
Ce processus devait s’achever à Glasgow en 2021. Les Parties ont toutefois décidé de reculer d’un an son échéance, afin d’avancer techniquement sur cet enjeu et de repousser les négociations politiques et géostratégiques associées au secteur agricole.
C’est donc à la COP27, qui se tient du 7 au 18 novembre 2022 à Charm el Cheikh (Égypte), que se prendront des décisions concernant les propositions du groupe de travail et les suites de ce processus. « On espère que l’initiative de Koronivia aboutira à une sanctuarisation des questions agricoles dans les négociations climatiques, explique Marie Hrabanski, sociologue au Cirad, spécialiste des politiques publiques liées au climat. Les états doivent s’engager pour des politiques ambitieuses en faveur d’agricultures durables, résilientes et neutres en carbone ».
Le Cirad, contributeur actif de l’action de Koronivia
Les pays, mais aussi les observateurs de la Convention-cadre sur le changement climatique (UNFCCC), comme l’est le Cirad, ont eu la possibilité de transmettre leurs propositions à l’UNFCCC au cours des diverses étapes. Le Cirad a ainsi mis ses connaissances des terrains tropicaux et méditerranéens à disposition des négociateurs. Avec ses partenaires, l’établissement a soumis plusieurs contributions sur 4 des 6 thèmes qui composent l’action conjointe de Koronivia :
- Le carbone du sol, santé et fertilité des sols
- La fertilisation organique pour des systèmes agricoles durables et résilients
- La sécurité alimentaire et les dimensions socioéconomiques des changements climatiques dans le secteur agricole
- L’amélioration des systèmes d’élevage et agropastoraux
Adoptée en 2017 lors de la COP 23, l’action conjointe de Koronivia a renforcé la prise en compte de l’agriculture dans les négociations climat. Depuis lors, le secteur agricole n’est vu plus seulement comme émetteur de gaz à effet de serre. Son potentiel d’atténuation et la nécessité de son adaptation sont enfin reconnus au travers de ce processus de Koronivia. Le Cirad, en tant qu’observateur des négociations climat, a été très actif pour contribuer à cette action conjointe avec ses partenaires. Retour sur les messages clés de ces soumissions.
L’agriculture, à la fois problème, victime et solution
L’agriculture représente 25 % des émissions mondiales de GES, en incluant la déforestation. Le secteur possède en revanche un potentiel très élevé de réduction de ses propres émissions : près de 75 % selon le GIEC. Il peut dès lors constituer un levier pour le développement de stratégies d’atténuation du changement climatique. Enfin et surtout : l’agriculture est une des principales victimes des dérèglements du climat, en particulier dans les pays tropicaux et le pourtour méditerranéen. Certes, une des caractéristiques de l’agriculture est d’anticiper les aléas climatiques et de s’y adapter, mais quand ceux-ci deviennent la règle, l’impératif devient la résilience rapide des systèmes de production agricole et alimentaire, voire leur transformation sur le moyen et long terme. Des politiques publiques d’adaptation ambitieuses et efficientes peuvent aider à assurer cette transition.